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DOUZE ANS DE SÉJOUR

D’une année à une autre, tel commensal peut, sans transition, recevoir l’investiture d’un fief à trompettes. Il faut enfin pourvoir les parasites et les intrigants, qui, en tous pays, affluent autour de la puissance.

La Waïzoro Sahalou, qui gouvernait des fiefs étendus, soumettait à son mari la nomination annuelle d’un sénéchal de sa maison, de ses camérières intimes, ainsi que des eunuques qui la gardaient. Du reste, elle répartissait comme elle l’entendait les fiefs qui relevaient d’elle et nommait elle-même à tous les offices de sa maison nombreuse, qui, à l’exception de quelques fonctions purement militaires, était en tout semblable à celle du Dedjadj Guoscho.

Toutes ces fonctions, quoique ayant des attributions régulières, sont élastiques, au point qu’un chef de bande, un petit seigneur, même un simple cavalier qui se rend remarquable soit au Conseil, soit sur le champ de bataille, peut obtenir un crédit égal à celui du chef d’avant-garde ou du Grand Sénéchal.

Les forces directement disponibles d’un Dedjazmatch consistent dans ses diverses bandes de fusiliers, de rondeliers et de cavaliers commandés par ses Chalakas, la plus grande partie de l’armée étant formée de troupes qui n’obéissent qu’à leurs seigneurs respectifs. Tel Chalaka, par sa bravoure, ses largesses ou son habileté à entraîner les hommes, portera son contingent à 3 ou 4,000 combattants ; le métalent de son successeur réduira cette même troupe à quelques centaines d’hommes sans entrain. Il est donc difficile de fixer l’effectif de ces bandes qui faisaient le fond de la maison du Dedjadj Guoscho ; ainsi, je