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DOUZE ANS DE SÉJOUR

ment proverbialement malaisé. Il campe sous une tente blanche entre le campement des timbaliers et celui du Biarque. Comme les Chalakas dont il vient d’être parlé, il nomme ses centeniers, mais il doit soumettre à la sanction du Dedjazmatch la nomination qu’il fait des Chalakas commandant sous ses ordres aux trois bandes de francs-tireurs. Ces Chalakas, revêtus souvent de la cotte d’armes, sont :

Le Chalaka des Abate-Neftegna (chiliarque des fusiliers vétérans), qui commande à ce corps d’élite de francs-tireurs, parmi lesquels beaucoup sont investis de petits fiefs ou reçoivent une paye élevée.

Le Chalaka des Zébégna-Neftegna (chiliarque des gardes fusiliers), qui commande aux fusiliers chargés de fournir, concurremment avec les gardes du corps, les postes de la garde de nuit des abords de la tente du Dedjazmatch.

Ces deux corps campent autour de la tente du Bacha.

Et enfin le Chalaka des Achkeur-Neftegna (fusiliers adolescents), qui commande une troupe composée de jeunes fusiliers, laquelle est adjointe au corps des Eka-Bets, campe avec lui, et au combat garnit son front de bataille.

La plupart des francs-tireurs sont des hommes de pied ; leur première ambition est d’obtenir soit une mule pour les porter durant les marches, soit un cheval au moyen duquel ils se mêlent avec moins de danger aux combats de cavalerie. Ils sont ordinairement indociles, grossiers, gourmands et portés à changer de maître ; car, quoique peu considérés, ils sont toujours sûrs de trouver partout un enrôlement. Souvent ils désertent à la fin d’une campagne, mais ils ne manquent jamais de laisser la carabine qui leur a été confiée.