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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

campent autour de sa tente blanche, dont la place est fixée derrière les timbaliers, qui s’établissent toujours en face de la tente du Dedjazmatch. L’Azzage du Damote entretenait pour son propre compte de trois cents à huit cents combattants. Il s’entend avec son maître pour la nomination de plusieurs contrôleurs qui ne relèvent que de lui et qui ne jouissent, du reste, que d’une très-petite considération. Il a ses grandes et petites entrées, et la faculté de prélever une quantité de petits profits qui rendent sa charge presque aussi lucrative que celle du Grand Sénéchal. Cet officier a un lieutenant nommé par le Dedjazmatch, lequel lieutenant peut n’être pas investi d’un fief, et en ce cas son entretien et sa paye consistent en certaines dîmes sur les approvisionnements.

Le Moulla-Bet-Beudjeround, ou Trésorier général et Maître de la garde-robe. Il est chargé de la garde de toutes les valeurs-meubles, de l’argent, des bijoux, des objets de parure, de toilette et des armes personnelles du Dedjazmatch. Il a aussi le dépôt des raisins secs, du vin et de l’eau-de-vie que fournissent en impôts certains fiefs désignés, les octrois des villes, des marchés, et sur lesquels il prélève pour lui-même un dixième ; il perçoit un tant par cotte-d’armes dont son maître revêt ses dignitaires, comme aussi par chaque décoration honorifique donnée à un homme de l’armée. Il perçoit encore un dixième de tous les impôts payés en or, en argent ou en sel, comme aussi un tant sur le pesage de l’or et sur tous les cadeaux qui sont offerts au Prince et dont la garde lui est confiée. Il jouit encore de plusieurs autres droits que leur multiplicité rend fort lucratifs. Si, à la suite d’un