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DOUZE ANS DE SÉJOUR

été. Il pleut très-rarement à Moussawa et dans les environs peu élevés au-dessus du niveau de la mer, si ce n’est dans les mois correspondants à l’hiver de France ; s’il ne pleut pas en janvier et en février, le temps est ordinairement couvert, ce qui tempère les ardeurs du soleil ; d’ailleurs, lors même que le ciel est sans nuages, il fait bien moins chaud, car à cette époque le soleil est plus loin du zénith, et le vent frais du nord prédomine sur toute l’étendue de la mer Rouge. Dès que le terrain s’élève à environ 1,800 mètres (et la chaîne qui supporte Halaïe a une élévation bien plus grande), l’ordre des saisons est brusquement interverti ; en d’autres termes, dès qu’on atteint ce premier plateau de l’Éthiopie, les mois de décembre, janvier et février sont les plus chauds de l’année, tandis que ceux de juin, juillet et août amènent des pluies, qui deviennent plus abondantes et moins incertaines à mesure qu’on s’éloigne du littoral de la mer. Entre les tropiques, où il fait toujours chaud, on donne le nom d’hiver à la saison des pluies. Il résulte de cet antagonisme des saisons, que le voyageur peut quitter Moussawa, qu’il laisse en plein hiver, pour atteindre, au besoin, en 24 heures, le plateau de Halaïe, où il se trouve en plein été ; et à mesure qu’il suit les vallées qui relient les hautes plaines aux basses terres, les plantes et les arbustes décèlent, par leur variété, leur abondance et aussi, par l’intensité plus ou moins grande de leur verdure, le passage graduel d’un régime de pluies à un autre.

En outre de nos bagages, nous avions à transporter la nourriture de nos gens, au nombre d’une trentaine. Cette nourriture consiste en farine ; la ration ordinaire, pour les deux repas de chaque jour, est d’environ deux jointées par homme ; chaque homme fournit le sel et fait son pain : il prépare