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CHAPITRE IV

CAUSES DE LA CHUTE DE L’EMPIRE. — DÉMEMBREMENT DU POUVOIR IMPÉRIAL. — GONDAR


En adoptant le Christianisme au quatrième siècle, la nation n’aurait rien changé à ses constitutions déjà anciennes. Les forces nationales et leur ordonnance se cimentaient et se confirmaient de génération en génération, sans autres modifications que celles qu’amène naturellement le fonctionnement de toute vie. « Notre pays, disent les traditionnistes, vivait paisiblement sous l’œil de Dieu ; il pratiquait la justice, et nos Empereurs, qui tenaient leur cour de l’autre côté de la mer, dans la terre de Sana, échangeaient des messages avec les rois de l’Inde, de la Chine et du pays des Hébreux, et faisaient sentir leur influence sur les peuples éloignés. Mais, par suite de conseils que nous ignorons, ils s’habituèrent à résider de ce côté-ci de la mer, où un climat meilleur, un territoire fécond et facile à défendre et des populations viriles et bien ordonnées leur assuraient un asile inexpugnable. L’Islamisme naquit ; nos armées durent traverser la mer pour défendre nos antiques possessions contre les enfants d’Ismaël, issu lui-même d’une mère mauvaise. Après de longues luttes, nous perdîmes la terre de Sana. Depuis lors, la mer a été notre frontière orientale, et nous avons vécu chez nous chré-