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DOUZE ANS DE SÉJOUR

d’Aksoum. Les Walaytsas, Gobos et Koullos actuels faisaient partie de l’ancienne province de Dawaro, plus compacte probablement et surtout plus étendue que les principautés actuelles, où l’on parle un idiome à part, et où les petites principautés paraissent s’être divisées par les incursions incessantes des Ilmormas. On ignore si les Touftés et les Yemmas et autres tribus dites Djandjéros obéissaient, dans leurs localités actuelles, à l’ancien Empire qui nous occupe. D’après la tradition, le deuga du Kafa, si remarquable par sa végétation tropicale et par l’indolence de ses habitants, n’a jamais appartenu à l’Empire ; mais il faut y comprendre comme frontière la grande forêt qui s’étend du Kafa jusqu’au deuga du Guéra, la plus haute terre du Gouma, le pays Chinacha-Dafilo, et toutes ces pentes terminées d’ailleurs abruptement du côté du koualla qui relie la haute terre du Damote à la plaine basse, où coule le grand bras oriental du fleuve Blanc. Peut-être est-il plus probable que ces pentes ont toujours été, comme aujourd’hui, à l’état de hernes frontières ; peut-être faut-il, en remontant vers le nord, prendre comme limite la rivière Did-essa, dont le vrai cours embarrasse les géographes. Toutefois, ce qui milite contre cette opinion, c’est le fait bien constaté que le Sennaar appartenait aussi aux Empereurs, car pendant la saison pluvieuse ils envoyaient leurs mules de selle hiverner dans cette province. Puisque nous avons nommé ces rivières, disons aussi que l’invasion ilmorma paraît avoir refoulé dans leurs kouallas les Simitchos, qui parlent une langue très-voisine de celle d’Afillo, les Konfals, dont on ne connaît guère que le nom, les Kotelets, dont l’origine et les affinités sont inconnues, et peut-être les Tok-