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toir, elle me tint des discours, non seulement fort éloignés du scrupule, mais même que je trouvais en ce temps-là un peu trop libres, outre mille badineries auxquelles elle m’excita par le récit de cent histoires les plus lubriques et les plus lascives du monde.

Angélique. — Je vois bien que tu ne sais pas comment elle est sortie des ténèbres où la superstition l’avait plongée si avant. Son confesseur n’a eu aucune part à sa délivrance. On peut dire que c’est la dévotion même qui a produit ce changement, et qui, d’une fille extrêmement scrupuleuse, en a fait une religieuse tout à fait raisonnable. Je veux te raconter ce que j’en ai appris par son rapport.

Agnès. — Je ne conçois pas cela. Car dire que la dévotion puisse défaire une personne de ses scrupules, c’est dire qu’un aveugle est capable d’en tirer un autre d’un précipice.

Angélique. — Écoute-moi seulement, et tu connaîtras que je ne t’avance rien qui ne soit véritable. Sœur Dosithée, comme on peut remarquer à ses yeux, est née d’une complexion la plus tendre et la plus amoureuse du monde. Cette pauvre enfant, à son entrée en religion, tomba entre les mains d’un vieux directeur ignorant au superlatif, et d’autant plus ennemi de nature que son âge le rendait inhabile à tous les plaisirs qu’elle proposait. Reconnaissant donc que le penchant de sa pénitente était du côté de la chair, et que les fai-