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D’avoir fait une offrande de mon cœur, sans l’avoir tranquillisé auparavant et dénué du trouble des passions trop remuantes et des affections mal réglées ;

De m’être trop laissée emporter aux inclinations du vieil homme et au penchant de la nature non réparée, au lieu de faire divorce avec tout, pour gagner tout ;

De n’avoir pas été soigneuse de me renouveler par une revue de moi-même, en moi-même, et de faire en moi la réparation de ce qui était déchu de moi, etc.

Eh bien ! Agnès, tu peux juger de la pièce par l’échantillon. Ce n’est pas là le tiers de ma confession, mais le reste ne me rend pas plus criminelle que ce commencement.

Agnès. — Il est vrai que je serais bien empêchée si je devais ordonner des pénitences à des péchés si spirituellement débités. C’est néanmoins là l’unique moyen de tromper la curiosité des jeunes directeurs et d’éviter la réprimande des vieux.

Angélique. — Ces derniers sont ordinairement les moins traitables, car je n’en ai guère vu de jeunes, depuis que je suis dans la communauté, qui n’aient été assez indulgents.

Agnès. — Il est vrai qu’ils n’ont pas tous les mêmes rigueurs : témoin celui qui mit la dévotion si avant dans l’âme de deux de nos sœurs, qu’elles s’en trouvèrent fort incommodées neuf mois après.