Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Agnès. — Qui est celui qui est son meilleur ami ?

Angélique. — Je ne sais pas quel il est, mais je sais bien qu’un jésuite la visite fort souvent, et qu’il a eu avec elle des privautés, qui font connaître qu’il est des cordons bleus. Je l’aperçus un jour avec lui dans un entretien fort animé, et une autre fois qu’elle sortait d’avec le même personnage, je trouvai dans le parloir qu’elle venait de quitter une serviette fine, humectée dans de certains endroits d’une liqueur un peu visqueuse : elle l’avait laissé tomber proche de la fenêtre. Je ne parlai point de cette rencontre ; je remarquai seulement que cette perte lui donna un peu d’inquiétude.

Agnès. — Qu’a-t-elle à appréhender ? L’évêque de qui elle dépend uniquement est à sa discrétion, et dans la visite qu’il a faite de ce monastère, il n’a rien ordonné que ce qu’elle lui avait auparavant prescrit.

Angélique. — Il est vrai. Elle est maîtresse de tout, et les directeurs et confesseurs ne sont reçus et changés que par son ordre.

Agnès. — Ah ! que je souhaiterais de tout mon cœur que le confesseur ordinaire que nous avons à présent lui déplût comme à moi ! Qu’en dis-tu ?

Angélique. — Il est vrai qu’il est fort austère, et qu’il est capable de faire bien de la peine à celles qui ne savent pas se conduire ; mais à nous