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ne peux avoir, s’il ne plaît à celui à qui tu l’offres de te l’accorder ? Juge par là de la nature de nos engagements, et si à la rigueur nous sommes tenues, selon Dieu, à l’effet de nos promesses, puisqu’elles renferment en elles une impossibilité morale. Tu ne peux rien dire qui détruise ce raisonnement.

Agnès. — Il est vrai ; et c’est ce qui doit nous mettre l’esprit en repos.

Angélique. — Pour moi, je te puis dire que rien ne me chagrine. Je passe le temps dans une égalité d’esprit qui me rend insensible aux peines qui fatiguent les autres. Je vois tout, j’écoute tout ; mais peu de choses sont capables de m’émouvoir, et si mon repos n’eût été troublé par quelque indisposition corporelle, il n’y a personne qui puisse vivre avec plus de tranquillité que moi.

Agnès. — Mais, dans une conduite si opposée à celle des autres cloîtres, que pensez-vous de la disposition de leur âme ? Et ces actions qui sont suivies, comme ils prêchent, de tant de mérites, ne vous tentent-elles point par l’espérance qu’elles proposent ? On pourrait nous dire que le libertinage est souvent capable de nous fournir des raisons pour nous perdre. Car qu’y a-t-il de plus saint que la méditation des choses célestes, à laquelle ils s’emploient ? Qu’y a-t-il de plus louable que cette haute piété qu’ils mettent en pratique ; et les jeûnes et les austérités dont ils se