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hommes qui sont en religion ne soient sujets aux mêmes passions et mouvements que ceux qui sont dans le monde. C’est dans cette vue, disait-il, que les fondateurs des ordres, qui étaient fort éclairés, n’ont point élevé de cloîtres pour ceux de leur sexe, qu’ils n’en aient en même temps bâti pour les filles, afin que, sans avoir recours aux étrangers, ils pussent les uns et les autres se soulager de temps en temps de la rigueur de leurs vœux. Dans les commencements, cela se pratiquait selon l’intention des instituteurs, ce qui faisait qu’il n’y avait aucun scandale, mais à présent, ces lieux se sentent de la corruption générale. On voit sans peine le bernardin avec la jacobine, le cordelier avec la bénédictine, et de cette confusion horrible il ne peut naître que des monstres. »

Agnès. — Cette pensée était assez plaisante.

Angélique. — « Hélas ! s’écriait-il, que diraient tous ces saints fondateurs à la vue de tant d’adultères, s’ils revenaient sur la terre ? Que de foudres, que d’anathèmes ils fulmineraient contre leurs propres enfants ! Saint François ne renverrait-il pas les capucins aux capucines, les cordeliers aux cordelières ? saint Dominique, saint Bernard et tous les autres ne remettraient-ils pas tous ces dévoyés dans le premier chemin de leurs règles et de leurs constitutions ? c’est-à-dire les jacobins aux jacobines, les feuillants aux feuillantines ? — Mais que deviendraient les jésuites et les chartreux ? lui dis-je ; car saint Ignace ni saint Bruno