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bien fait et beau garçon. Pour moi je ne l’appelais que mon Grand Blanc. En quel parloir le vis-tu ?

Agnès. — Je l’ai vu deux fois. La première, ce fut dans le parloir de Saint-Joseph, et, la dernière, dans celui de madame.

Angélique. — Bon, bon ! c’est-à-dire qu’il passa le Détroit. Il le mérite bien, et il y a plaisir à lui voir faire son personnage.

Agnès. — Il me donna deux petites fioles d’essences qui ont une odeur merveilleuse. Il était parfumé depuis les pieds jusques à la tête, et avec un vermeil si animé, que je le soupçonnai d’abord de s’être servi du petit pot ; mais je reconnus le contraire dans la suite et vis que le rouge ne procédait que de l’ardeur de sa passion et de ce qu’il avait le poil fraîchement fait. Son entretien et ses badineries me plurent infiniment et je n’eus pas de peine à lui accorder le passage que j’avais tant disputé à notre abbé. Je lui représentai seulement qu’il y avait sujet de craindre que les sottises que nous faisions tous deux ne fussent suivies d’une troisième. « Je vous entends », reprit-il. Il tira en même temps un petit livre de sa poche, qu’il me donna ; il avait pour titre : Remèdes doux et faciles contre l’embonpoint dangereux. Il me dit qu’il m’apprendrait ce que j’aurais à faire dans une pareille occasion. Il me mit dans la bouche un morceau de conserve, que je ne trouvai point de mauvais goût ; je ne sais pas si elle renfermait