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de pareils privilèges. Il y en a qui s’appellent les Cordons Bleus, et ce sont ceux qui sont tout-puissants qui ont le secret de l’ordre et qui disposent des affaires de madame, comme madame conduit les leurs. Pour ce qui est des autres, leur pouvoir est limité ; il y a des bornes qu’ils ne peuvent passer, et ils n’ont guère plus d’avantage que les aspirants, jusqu’à ce que par leur zèle, leur prudence et leur discrétion. Ils se soient rendus dignes d’être de la grande profession. De tous les moines, les seuls capucins en sont exclus, parce que cette barbe, qui les déguise tant, les a rendus odieux à notre abbesse, qui dit qu’elle ne peut s’imaginer qu’une personne du sexe puisse vouloir du bien à ces satyres. Mais, à propos, dites-moi des nouvelles du père Vital de Charenton.

Agnès. — Je n’aurais jamais cru, aussi bien que madame, qu’un capucin eût été capable d’une galanterie, si celui-là ne m’en eût persuadée par sa conduite. Il me vint voir trois jours après notre abbé ; nous allâmes dans le parloir de Saint-Augustin, et ce fut là où il me débita plus de fleurettes que je n’en aurais pu attendre d’un courtisan de profession. Il parla, au reste, si hardiment que j’avais honte d’entendre sortir de la bouche d’un homme dont l’habit et la barbe ne prêchaient que la pénitence, des paroles au commencement peu libres, mais dans la fin les plus dissolues que le plus grand débauché puisse mettre en usage. Je ne pus m’empêcher de lui en marquer mon éton-