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Italie avec une religieuse de S. Benoît, de l’adresse dont il se servit pour la voir aussi souvent qu’il souhaitait, et comme enfin il en reçut les faveurs qui devaient être le fruit de ses assiduités. Il m’assura que, devant cette habitude, il avait toujours cru qu’il n’y avait que chez les religieuses que la chasteté réfugiée se conservât, et qu’il s’était toujours persuadé que ces âmes recluses vivaient dans une continence aussi parfaite que celle des anges ; mais qu’il avait bien reconnu le contraire, et que, comme rien de parfait ne se gâte médiocrement, et qu’une chose conserve dans sa corruption le même degré qu’elle avait en sa bonté, il avait remarqué qu’il n’y avait rien de plus dissolu que toutes les recluses et bigotes lorsqu’elles trouvaient l’occasion de se divertir. Il me montra un certain instrument de verre qu’il avait reçu de celle dont je t’ai parlé, et m’assura qu’il avait appris d’elle qu’il y en avait plus de cinquante de la sorte dans leur maison, et que toutes, depuis l’abbesse jusqu’à la dernière professe, le maniaient plus souvent que leurs chapelets.

Angélique. — Voilà qui est bien. Mais tu ne me dis rien pour ce qui te regarde.

Agnès. — Que veux-tu que je te dise ? C’est l’homme du monde le plus badin. À la seconde visite qu’il me fit, je ne pus me dispenser de lui accorder quelque grâce. Il opposa à toutes mes raisons une morale si forte et si artificieuse, qu’il rendit tous mes efforts inutiles. Il me fit voir trois