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ce qu’elle savait d’elle, l’assura de ne rien faire à son préjudice, pourvu qu’elle lui promit de rompre entièrement avec ce religieux et de n’avoir pas à l’avenir la moindre communication avec lui. Virginie, toute honteuse de ce qu’elle apprenait, s’engagea à tout ce qu’on voulut, demandant seulement avec instance que l’on conservât la réputation du jésuite, parce qu’il était impossible de nuire à l’un sans porter dommage à l’autre. Elle protesta qu’elle ne voulait plus le voir et que le billet qu’elle allait écrire pour lui donner avis de ne plus revenir serait le dernier qu’il recevrait d’elle. Ces conditions furent reçues de toutes deux, quoique avec peine. Elles embrassèrent Virginie, dont elles étaient devenues amoureuses, et dirent en la quittant qu’elles voulaient prendre la place du Père et lier une étroite amitié avec elle.

Agnès. — Elle en était quitte à bon marché. Je crois qu’elle devait cette indulgence à sa beauté et à ses autres qualités, qui la rendirent sans doute aimable à son ennemie même.

Angélique. — Ce n’est pas encore ici la fin de notre histoire. Virginie écrivit donc promptement au Père de Raucourt, et l’avertit par son billet de tout ce qui se passait et des conditions auxquelles elle s’était engagée pour sauver son honneur et le sien. Elle lui remontra le danger où il s’exposerait s’il revenait pour la voir, et lui fit connaître qu’il était même impossible qu’elle reçût de ses lettres s’il ne se servait d’une intrigue particulière pour