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étendue, car il me tint trois heures à la grille : tu sauras seulement qu’il me prouva, par des raisonnements que je croyais forts, que c’était là ma vocation, dans laquelle seule je pouvais faire mon salut, qu’il n’y avait point de sûreté pour moi, ni de chemin hors de là ; que le monde n’était rempli que d’écueils et de précipices, que les excès des religieux valaient mieux que la modération des mondains, et que le repos et la contemplation des uns étaient en même temps plus doux et plus méritoires que l’action et tout l’embarras des autres ; que c’était dans les cloîtres seuls que l’on pouvait traiter familièrement avec Dieu, et par conséquent, que pour se rendre digne d’une communication si sainte et si relevée, il fallait fuir la compagnie des hommes ; que c’était dans ces lieux que se conservaient les restes de l’ancienne ferveur des chrétiens et qu’on pouvait voir l’image véritable de la primitive Église.

Agnès. — On ne pouvait pas parler avec plus d’éloquence et tout ensemble avec plus d’artifice ; car je remarque qu’il ne te dit pas un mot des rigueurs et des austérités qui pouvaient t’épouvanter.

Angélique. — Tu te trompes, il n’oublia rien. Mais les peines et mortifications dont il me parla furent assaisonnées de tant de douceur, que je ne les trouvai point de mauvais goût. — Je ne veux rien vous cacher, me disait-il. Ces dévotes compagnies, dont j’espère que vous augmenterez