Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous prie, vos instructions ; je languis dans l’impatience où Je suis de vous entendre. Vous n’avez jamais eu d’écolière plus attentive que je le serai à tous vos discours.

Angélique. — Comme nous ne sommes pas nées d’un sexe à faire des lois, nous devons obéir à celles que nous avons trouvées, et suivre, comme des vérités connues, beaucoup de choses qui d’elles-mêmes ne passent chez plusieurs que pour opinions. Je prétends, mon enfant, te confirmer par là dans les sentiments où tu es, qu’il y a un Dieu juste et miséricordieux, qui demande nos hommages, et qui, de la même bouche qu’il nous défend le mal, nous commande la pratique du bien. Mais comme tous ne conviennent pas de ce qui se doit appeler bien ou mal, et qu’une infinité d’actions pour lesquelles on nous donne de l’horreur sont reçues et approuvées chez nos voisins, je t’apprendrai en peu de paroles ce qu’un révérend Père jésuite, qui a une affection particulière pour moi, me disait dans le temps qu’il tâchait à m’ouvrir l’esprit et à le rendre capable des spéculations présentes.

Comme tout votre bonheur, ma chère Angélique (c’est ainsi qu’il me parlait), dépend d’une parfaite connaissance de l’état religieux que vous avez embrassé, je veux vous en faire une naïve peinture, et vous donner les moyens de vivre dans votre solitude, sans aucune inquiétude ou chagrin qui provienne de votre engagement. Pour pro-