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      Quand on tient des routes contraires
      À celles qui plaisent au cœur.


Me suis-je jamais refusée un moment à tes désirs passionnés depuis que nous nous connaissons, c’est-à-dire depuis que nous nous aimons ? Est-il aucune partie de mon corps (qui a, dis-tu, tant d’attraits pour toi), même la plus secrète, dont tu n’aies fait ce que tu as voulu ou du moins ce que tu as pu ? Je t’ai secondée de mon mieux dans toutes tes impuissantes tentatives :


Et jamais on ne vit avec plus de licence
L’amour fouler aux pieds la crainte et l’innocence.


Séraphique. — Tu sais, ma petite chère, que tu n’as pas semé en terre ingrate et que rien ne m’échappe de tout ce que tu me dis ; mais reprends, je t’en prie, le fil de ton discours.

Virginie. — Fort bien. Je te faisais remarquer que, depuis une si profonde étude de la nature, nous avions relégué les scrupules chez les sots et chez les sottes, comme l’apanage des petits esprits ; que nous avions exclu de nos libres passe-temps toutes les importunes contraintes et toutes les fâcheuses bienséances, la pure nature, indépendante des lois et de l’opinion, lorsqu’elle invite, sollicite, engage et entraîne si impérieusement à la recherche des plaisirs, nous ayant tenu lieu de loi suprême et primitive, et ayant toujours présidé par la force prédominante de son instinct, et à nos divertisse-