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retint plus longtemps qu’il n’avait cru. Et comme il n’est rien de plus impatient que l’amour, l’heure du premier rendez-vous étant passée, et celle qui attendait Marin ne le voyant pas venir, crut qu’il s’était oublié avec une autre, ou qu’il ne se souciait pas d’elle. Cependant elle l’attendait toujours avec de grandes inquiétudes, jusqu’à ce qu’enfin, ne pouvant plus se contenir dans son lit, elle se leva comme une furie, et fit deux ou trois fois la ronde par tout le couvent, pour tâcher de découvrir quelque chose. C’était justement à une heure après minuit, c’est-à-dire l’heure du second rendez-vous, où l’autre religieuse attendait son cher Marin avec la même impatience. Et comme elle ouït le bruit que faisait en marchant la religieuse qui s’était levée, elle ne douta pas que ce ne fût son amant qui venait à l’assignation. Dans cette douce pensée, elle ouvrit la porte de sa chambre, qui répondait à la galerie où sa rivale se promenait pour découvrir, comme j’ai dit, si elle verrait paraître celui qui l’avait trompée, de sorte que, voyant ouvrir la porte de cette autre religieuse, elle crut que c’était son perfide qui allait sortir après s’être bien diverti avec une autre. Elle se préparait à lui en faire de sanglants reproches, mais, ne la voyant pas sortir, quoiqu’on eût ouvert la porte, elle s’imagina que le bruit qu’elle avait fait en marchant dans la galerie était ce qui l’en empêchait, et cela n’était pas sans apparence. Voyant donc que la porte demeurait