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thée ; car, outre que sœur Catherine est fort aimable, tu sais qu’à nouvelle viande nouvel appétit.

Agnès. — Il faut que ce Marin soit un homme incomparable, de contenter presque en même temps deux religieuses.

Angélique. — Il en a bien contenté d’autres, qu’il a servies avec beaucoup de dévotion ; mais comme il ne pouvait pas suffire à tout, il y en a eu de mécontentes, et ça a été la cause de son malheur, ou plutôt le malheur de toutes ces bonnes religieuses, qu’il servait avec un soin infatigable.

Agnès. — Il faut que je t’avoue que je m’intéresse plus pour Marin que pour toutes les religieuses ensemble, et je ne puis pas souffrir que ses soins aient été si mal récompensés. Enfin, quoiqu’il ne m’ait rendu aucun service, son malheur me touche plus que la perte qu’ont faite toutes les sœurs.

Angélique. — Il n’est peut-être pas tant à plaindre comme tu penses, et tu en pourras juger quand je t’aurai appris toute cette histoire.

Agnès. — Raconte-moi donc sans plus tarder quelles sont ces malintentionnées qui ont découvert le pot aux roses.

Angélique. — Tu dois savoir que ce bon serviteur était attendu de deux religieuses auxquelles il avait donné rendez-vous, ne pouvant pas se défendre de leurs importunités. Mais il ne put se trouver à l’assignation ni de l’une ni de l’autre, parce que sa chère Pasithée, avec qui il était, le