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même aussi dans toutes les occasions où nous nous sommes vus (car il y a deux ans que je le connais), je me suis résolue toute tremblante de heurter à la porte, mais l’amour l’emportant sur ma crainte, me fit entrer assez hardiment, sans attendre qu’il vint ouvrir la porte. Il témoigna avoir plus de honte que moi de cette surprise. Je m’approchai de son lit, en souriant sans parler, et il me demanda en me maniant la main gauche : eh bien ! Angélique, mon cœur, mon amour, de quoi est-il question ? Puis il me tira et me renversa sur le lit auprès de lui, me regardant les tétons avec des yeux si doux et enflammés que je me doutai bien de quelque chose ; c’est pourquoi je sautai du lit pour aller fermer la porte au ressort, et boucher les trous qui étaient dans la porte ; puis, étant revenue sur le lit, je lui dis, faisant un peu la précieuse : Samuel, je prends cette précaution pour te parler en particulier d’une chose… Sur quoi, m’interrompant, il voulut… Ah ! lui dis-je, Samuel, qu’est-ce que vous voulez faire ? Ôtez cette main de là !

Agnès. — Il semble que tu faisais bien la scrupuleuse. Il y a longtemps que je t’ai pronostiqué de telles rencontres, et je ne dis rien qui ne doive arriver. Est-ce que les hommes n’ont pas le droit, aussi bien que nous le souhaitons, de chercher ce qui leur peut plaire, pour jouir de quelques plaisirs ? et même tu sais bien que notre cœur ne peut être sans quelques amusements ; et d’ailleurs,