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bien réglée ? Il faut bien, de nécessité, donner quelque chose au tempérament du corps, et compatir aux faiblesses de nos esprits, puisque nous les recevons tels que la nature nous les baille, et qu’il ne dépend pas de nous d’en faire le choix. Nous ne sommes pas responsables des fantaisies du penchant et des inclinations qu’elle nous donne. Si ce sont des fautes, c’est elle qui en est coupable et qui en doit être blâmée, et on ne peut reprocher aux hommes les vices qui naissent avec eux, ou qui ne procèdent que de leur naissance.

Angélique. — Tu as raison, ma mignonne, et je ne puis t’exprimer la joie que je ressens lorsque ces paroles me font voir le progrès que tu as fait par mes instructions. Mais ne nous fatiguons pas davantage l’esprit à la recherche des crimes d’autrui ; supportons ce que nous ne saurions réformer, et ne touchons point à des maux qui découvriraient sans doute l’impuissance de nos remèdes. Vivons pour nous-mêmes et sans nous faire malades des infirmités étrangères ; établissons dans notre intérieur cette paix et cette tranquillité spirituelle qui est le principe de la joie, et le commencement du bonheur que nous pouvons raisonnablement désirer.

Agnès. — Pour moi, je suis déjà dans cette paisible jouissance du repos et de la quiétude d’esprit, où je puis dire que je n’ai pu arriver que par ton moyen. Ce sont des obligations que je ne pourrai jamais assez reconnaître comme je le