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tout cet attirail, elle était toujours dans une crainte continuelle des peines de l’autre monde, dont elle était si souvent menacée. Comme il est impossible ici-bas de détruire en nous ce qu’on appelle concupiscence, elle n’était jamais en paix avec elle-même ; c’était une guerre sans relâche qu’elle faisait imprudemment à son pauvre corps, et les combats atroces qu’elle lui livrait étaient rarement suivis de quelque courte trêve.

Agnès. — Hélas ! qu’elle était à plaindre, et qu’elle m’aurait fait de compassion si je l’avais vue dans cet égarement !

Angélique. — Comme son naturel amoureux causait, selon elle, ses plus grands défauts, elle ne négligeait rien de tout ce qui pouvait éteindre ses feux les plus innocents ; les jeûnes, les haires et les cilices étaient mis en usage, et le changement d’un directeur plus raisonnable que le premier ne put apporter la moindre diminution à sa folie. Elle fut quatre ans entiers dans cet état, et y serait toujours restée sans un trait de dévotion qui l’en tira. Entre les conseils qu’elle avait reçus de son ancien professeur, elle en pratiquait un avec une régularité sans égale. C’était de recourir à un tableau de saint Alexis, miroir de chasteté, qui était à son oratoire, et de s’y prosterner lorsqu’elle se verrait pressée de la tentation ou qu’elle ressentirait en elle-même ces mouvements dont elle s’accusait si souvent. Un jour donc qu’elle se trouva plus émue qu’à l’ordinaire et que sa nature la