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baptême. Je suis valet de maître Olivier le Dain, barbier juré du roi, et je viens de la part dudit maître Olivier pour vous demander des renseignements…

— Maître Olivier le Dain et maître Tristan Lhermite ! murmura le moine ; le rasoir et la corde ! Et pourquoi maître le Dain n’est-il pas venu lui-même !

— Le service de Sa Majesté…

— Bien ! bien ! l’homme ! vous devriez dire à votre honoré maître de vous faire un peu le poil, car vous l’avez long et rude.

Pierre Gillot eut un humble et honnête sourire.

— Mon cher frère Bruno dit-il, vous êtes d’un caractère joyeux et tout aimable. C’est le prieur claustral qui vous a indiqué à mon maître, lui disant que vous connaissiez par le menu toutes les familles des pays dolois, dinannais et malouin, sachant les chroniques…

— Ah ! la langue ! la langue que vous avez, notre ami ! s’écria Bruno ; mes oreilles en tintent ! Quant à savoir de bonnes aventures, oui, oui ! Et des chroniques, passablement ! Pourquoi ? Parce que j’ai porté l’épée avant d’égrener le rosaire…

— Vraiment ! interrompit Pierre Gillot.

— Pour Dieu ! laissez-moi souffler un pauvre mot ! Vous me rappelez, pour la figure que vous avez citron et pour la voix que vous avez doucette, le pauvre Alary de Tréguier, qui fut pendu en l’an trente-six, pour le vol d’un encensoir à la chapelle de Saint-Gabin…

Pierre Gillo se signa.

— Le vol d’un encensoir, mon frère ! s’écria-t-il.


— Oh ! fit Bruno mécontent ; croyez-vous être meilleur chrétien que moi, l’homme ? Cela me fait souvenir…

Pierre Gillot lui prit la main d’une façon tout insinuante.

— Souffrez que je m’acquitte de mon message, dit-il, je ne suis qu’un pauvre serviteur, et si je tardais à revenir, on me gronderait. Parmi les familles de la frontière bretonne, j’entends les familles nobles, mon maître voudrait en trouver une, ou plutôt un membre de cette famille-là, qui fût en situation