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À quoi Mathelin, le pasteur des gorets, répliquait, racontant ses premières aventures ;

Da, mâ, d’auprès ed’ma cocotte
 J’tas point bâlant
Je li faisâs de toute sorte
 De qu’mp ! mers,
 Sapergouenne !
Je li faisâs de toute sorte
 De quimplemens !
 
Je li parlas de nos chairettes
Et de nos bœufs
Et j’li jurâs que nos poulettes
Pona’nt des œufs,
 Sapergouenne[1] etc.

.

Tous ces chants, dont les paroles sont si moqueuses, si gaies, se disent sur des airs modulés en mineur, rhythmés selon la coupe lente et triste, particulière à la Bretagne, et finissent sur une cadence pleurarde, toujours la même.

Peu à peu bestiaux et valets envahirent la plate-forme. Les valets venaient prendre leur repas ; les bestiaux allaient passer les heures du grand soleil à l’étable.

Les maîtres étaient déjà dans la salle à manger.

La salle à manger du Roz était une grande pièce pavée en ardoises plates, froide malgré l’ardent soleil du dehors, et montrant à ses murailles nues l’humidité qui incessamment perlait. Un énorme buffet de chêne noir ouvré, formé de deux bahuts superposés, tenait tout le fond de la salle, dans le sens de sa longueur. Vis-à-vis du buffet, un dressoir où les assiettes de terre brune se mêlaient fraternellement aux plats d’argent, allait du sol à trois pieds du plafond.

  1. Dame, moi, auprès de ma promise, je n’étais pas embarrassé, je lui faisais toutes sortes de compliments. — Je lui parlais de nos charrettes et de nos boeufs ; je lui jurais que nos poules pondaient des œufs.