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En ce moment, le pavé de la cour retentit sous les pas des chevaux. Berthe perdit sa gaîté. Elle jeta un regard craintif vers son miroir, et ne se trouva plus assez jolie.

Mi Jésus ! Javotte, qui était un peu physionomiste, craignit un instant d’être obligée de recommencer une troisième fois la toilette de mademoiselle de Maurever. Mais il n’était plus temps, heureusement pour Javotte. Berthe descendit au salon, où dame Josèphe de la Croix-Mauduit recevait messire Aubry et sa suite.

Une demi-heure après tout le monde était en route.

Le soleil chaud se cachait derrière les nuages. La cavalcade descendait le chemin de Dol à Pontorson.

C’étaient d’abord deux hommes d’armes de Maurever, suivis du page mignon de Berthe, qui se nommai Fidèle, tout comme un petit chien.

Venait ensuite la vieille dame Josèphe, montée sur une vieille haquenée grise, un vieux faucon au poing, un vieil écuyer à la hanche droite, une plus vieille suivante à la hanche gauche.

En troisième lieu, Berthe, Jeannine et Aubry chevauchaient côte à côte Aubry entre deux.

L’arrière-garde était composée de Jeannin et de deux vassaux de Kergariou, équipés en hommes d’armes pour cette grande occasion.

Berthe était enchantée. Elle n’avait jamais vu Aubry, son beau cousin, si gai et si empressé auprès d’elle ; aussi, elle se disait :

— Que j’ai eu bonne idée de faire une autre toilette !

Javotte, que nous avons eu le tort de ne pas mentionner dans le dénombrement de la cavalcade, se tenait entre sa maîtresse et l’arrière-garde. Elle était fort en courroux de voir la petite Jeannine sur la même ligne que mademoiselle de Maurever.

Elle eût été bien autrement courroucée si elle avait pu comprendre pourquoi messire Aubry était aujourd’hui si empressé et de si charmante humeur.