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Mais Pierre Gillot attira tout bonnement l’objet qui pendait au bout de la chaîne passée à son cou. Cet objet était une orfèvrerie, travaillée d’un art merveilleux et représentant saint Michel à cheval, terrassant le dragon. Pierre Gillot l’approcha de ses lèvres et le baisa.

— Qui m’a donc parlé de chose semblable ? se demanda Jeannin.

Un écho mystique et comme insaisissable se jouait dans son oreille et disait :

— « C’est le roi ! c’est le roi ! »

Il se souvint alors de l’histoire racontée à cette même place par le nain Fier-à-Bras : Cet homme au surcot brun qui était descendu dans la cour du monastère et qui avait baisé une image de saint Michel quand Jean d’Armagnac, comte de Comminges, était venc lui apporter le refus du duc de Bretagne.

Cet homme que le comte de Comminges avait appelé Votre Majesté !

Jeannin ouvrit de grands yeux et regarda Pierre Gillot d’un air ébahi.

Celui-ci ne comprenait trop rien à ces changoments qui avaient lieu depuis quelques secondes sur la physionomie du bon écuyer. L’inquiétude lui venait parce que Jeannin ne parlait plus.

— Je me suis présenté à vous, l’ami, dit-il, avec un signe de votre compère Bruno. Je suis assuré que vous ne me ferez point de mal.

Qu’arriverait-il ? qu’arriverait-il ? pensait Jeannin si le roi de France était prisonnier dans quelque châteaufort breton comme la tour le Bat de Rennes ou le donjon d’Hennebont ?

Ma foi ! le nain entama un second pot de conserves ! Le digne frère vous a donné à moi, reprenait Olivier le Dain, comme un modèle d’honneur et de loyauté. Il m’a certifié…

Jeannin l’interrompit d’un geste péremptoire.