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SOCIÉTÉ DE 1793
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Sans doute on fera moins de cas
Et des cordons et des crachats :
C’est ce qui les désole ;
Mais les lauriers, mais les épis,
Les feuilles de chêne ont leur prix :
C’est ce qui nous console.

On en a vu qui, tristement,
N’ont fait qu’épeler leur serment :
C’est ce qui nous désole ;
On va le faire à haute voix,
De bouche et de cœur à la fois :
C’est ce qui nous console[1].

Le club donna une véritable fête, fort critiquée dans le public ; par les temps de misère, ce luxe semblait scandaleux.

« La veille du dîner, la Société avait arrêté que ceux de ses membres qui pourraient donner des logements aux députés à la fédération s’inscriraient sur un registre, et que ce registre serait ensuite envoyé à l’hôtel de la mairie pour que les districts, qui avaient tous montré le même zèle, fussent soulagés d’autant[2]".

IV

Mais la haute bourgeoisie, et plusieurs nobles qui affectaient de ne pas être royalistes, s’y intéressaient.

« La Société de 1789 devient chaque jour plus nombreuse et plus brillante : elle compte parmi ses membres beaucoup de députés à l’Assemblée nationale, d’hommes de lettres distingués, et de personnes qui ont donné, dans la Révolution, des preuves de patriotisme et de zèle. Son but est d’encourager les arts utiles, de répandre les vrais principes de constitution et de liberté, et de concourir, par tous les moyens qu’une semblable réunion et une correspondance étendue lui peuvent donner, au perfectionnement de l’art social. Son journal vient de paraître : le mérite connu de ceux qui le rédigent doit faire présumer qu’il sera bien accueilli. On souscrit chez le Jay fils, rue de l’Échelle[3]. »

La Chronique de Paris faisait le panégyrique du club et lui cherchait de nouveaux adhérents. La presse modérée l’adoptait, pour

  1. Journal de la Société de 1789, n° 4, du 28 juin 1790.
  2. Journal de la Société de 1789, n° 4, du 20 juin 1790.
  3. Chronique de Paris, numéro du 15 juin 1790, p. 862 et 863.