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LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
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vres ; à la fin du repas, on porta des toasts : — à la Révolution, à la nation, à la loi, au roi. Sieyès proposa de boire "à la meilleure Constitution, aux États-Unis d'Amérique, aux Françaises patriotes, etc."

Dans le jardin, la foule entendait le choc des verres, voyait les lustres allumés. Elle fit du bruit, d'abord, elle cria ; puis, des députés qu'elle respectait s'étant mis aux fenêtres, elle applaudit.

Le Club de 1789 s'ajourna, pour sa seconde séance, au 17 juin 1790.

Le 17 juin 1790, il se réunit pour célébrer, par un dîner au Palais Royal, l'anniversaire du 17 juin 1789, jour où les députés du tiers état s'étaient constitués en Assemblée nationale.

Parmi les quelques invités était le Corse Paoli. Il y avait cent quatre-vingt-dix sociétaires. La fête fut somptueuse. Un orchestre considérable se fit entendre. Les membres du banquet se présentèrent plusieurs fois aux fenêtres et furent applaudis par la foule qui se trouvait dans le jardin. On porta des toasts, on reçut une députation des dames de la Halle, on chanta des couplets de Piis que l'on répéta pour la foule, du haut d'une fenêtre :


(Air : Des Dettes.)


Les traîtres à la nation
Craignent la Fédération :
C'est ce qui les désole ;
Mais aussi depuis plus d'un an,
La liberté poursuit son plan :
C'est ce qui nous console.

L'instant arrive où pour jamais
Vont s'éclipser tous leurs projets ;
C'est ce qui les désole ;
Et l'homme enfin va cette fois
Rétablir l'homme dans ses droits :
C'est ce qui nous console.

Il arrive souvent qu'au bois
On va deux pour revenir trois,
Dit la chanson frivole ;
Trois ordres s'étaient assemblés,
Un sage abbé les a mêlés :
C'est ce qui nous console.

Quelques-uns regrettent leurs rangs,
Leurs croix, leurs titres, leurs rubans ;
C'est ce qui les désole ;
Ne brillons plus, il en est temps,
Que par les mœurs et les talens.
C'est ce qui nous console.