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que cette seule régularité sévère de notre part repousse de notre sein tous les grands aristocrates ; et que si nous voulions faiblir le moins du monde dans le rigorisme des principes que nous nous sommes prescrits à cet égard, nous ne suffirions pas à recevoir tous les citoyens qui viendroient se réunir à nous.

« Je prie nos savans et vertueux ennemis de remarquer en passant combien cette sévérité morale et cette soumission politique seroient adroites et naturelles à des contre-révolutionnaires ! combien elles feroient partie d’un code de brigands, enrôleurs pour contre-révolution !

Passons à la troisième question. 

« Question III.

« La nation est-elle libre et souveraine ? « Réponse.

« Quelqu’un peut-il opposer le moindre doute à une semblable question ? Mais les divisions, les distinctions et les développemens en sont si magnifiques et si étendus pour un homme un peu versé dans ces matières, que je me garderai bien de me livrer en entier à toutes les pensées qu’elle m’inspire.

« Sans doute qu’une nation est et doit toujours être libre et souveraine.

« Une nation est souveraine par son volonté générale, et libre par sa sagesse particulière.

« Elle est toujours libre quand elle est sagement souveraine. « Elle est toujours souveraine quand elle est modérément et légalement libre.

« Sa liberté fortifie sans cesse sa souveraineté, quand cette liberté est environnée des immuables principes de la morale universelle. « Sa souveraineté consolide chaque jour sa liberté, lorsque sa souveraineté est circonscrite dans les maximes de la politique indispensable.

« Elle devient souveraine, lorsqu’elle sait par quels principes, par quels moyens une nation peut rester ou redevenir souveraine, lorsqu’elle n’ignore plus que le despotisme de tous est bien effectivement le contraire, mais non pas le remède du despotisme d’un seul. « Elle demeure libre lorsqu’elle ne prend point l’état d’anarchie pour un état de puissance ; lorsqu’elle est convaincue que la liberté naturelle est la plus grande ennemie de la liberté politique ; lorsqu’elle est parvenue à sentir que de toutes les libertés particulières se forme la plus terrible servitude universelle, lorsque ces libertés particulières, au lieu d’être concentriques, sont excentriques, lorsqu’elles