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vous faire. Vous auriez le tems, d’ici à votre prochaine assemblée, de prévenir votre président actuel, que je ne connois pas, pour qu’il la convoque dans un autre local. Déjà tous les papiers incendiaires crient après moi ; et peut-être auroit-on évité ces clameurs si l’on avoit fait afficher davantage, et surtout sur les murs de mon édifice, le placard de la municipalité, qui m’auroit servi du moins de bouclier contre ces espèces de gens toujours disposés à tout envenimer. J’attendrai avec confiance votre décision, persuadé que vous prendrez les précautions nécessaires pour me mettre à l’abri du dommage que je pourrois éprouver de la part du peuple que l’on se plaît si souvent à aveugler.

« J’ai l’honneur d’être, avec respect,

« Monsieur,

<( Votre très humble et obéissant serviteur. « Signé : Melan, »

Ce membre du directoire a annoncé qu’il répondroit le lendemain : le même soir, le sieur Melan lui a adressé la lettre suivante : « Monsieur,

(( Dans ce moment encore, je suis assailh par plusieurs personnes de mon quartier et du district voisin, qui me préviennent du danger que je cours pour mercredi prochain : car on sait déjà que votre assemblée est pour ce jour-là. Je suis prêt à sacrifier ma vie pour tenir l’engagement que j’ai pris avec vous, mais je ne dois point risquer le gage de mes créanciers, et le bien de mes enfans. La fermentation est telle que la garde de mon quartier ne se dérangeroit point pour venir à mon secours dans le cas d’une rumeur publique. En conséquence, telle chose qui doive m’arriver, j’ai l’honneur de vous prévenir qu’il m’est impossible de laisser faire l’assemblée mardi prochain, et que je ferai garder mes portes pour empêcher tout accès. Si cependant d’ici à ce tems-là vous voulez bien me promettre que l’assemblée sera décommandée, afin de ne point fixer les yeux du public sur votre Société, je n’y mettrai point de gardes. Je voudrais que tout le monde qui est effrayé de vos assemblées eût assisté à celle que vous avez tenue vendredi, il seroit rassuré comme moi ; mais dois-je risquer toute ma fortune et celle d’un tas d’honnêtes gens auxquels je dois, pour essayer de vaincre l’opinion publique dans un quartier surtout aussi isolé de tout secours ! Si la personne qui a le double de mon marché veut venir (car je ne sais point son adresse), je lui remettrai son double du marché et le billet que j’ai