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Un colporteur vendit clandestinement, au Palais-Royal, un pamphlet aristocratique intitulé : Mort et passion de Louis XVL roi des Juifs et des Français (1790).

Un journal annonçait :

« Les grands comédiens de la salle du Manège donneront aujourd’hui le Roi dépouillé^ pièce ancienne et redemandée (1). » « La seconde pièce sera YHonnête criminel, en deux actes et en prose d’États-généraux, ce qui vaut bien des vers. Le comte de Mirabeau le joue. Son confident sera l’étonnant Barnave^ jeune homme de la plus grande espérance (2). »

Dès le lendemain de la prise de la Bastille, Metz, placée sous le commandement de Bouille, fut choisie par les aristocrates pour y conduire le roi. Pour favoriser la fuite de Louis XVI, on entreprit de lever un corps de troupes, sous le nom de Gardes du roi surnuméraires. L’abbé Douglas et compagnie étaient les recruteurs de cette petite armée (3). Des soldats, en 1790, crièrent dans Belfort : Vive le roi ! Vive la reine ! Au diable la nation ! Les écrivains monarchistes, anonymes ou se servant de pseudonymes, plaçaient au bas des titres de leurs élucubrations : De l’imprimerie d’un royaliste., à Politicopolis, — de Vimprimerie du sujet fidèle, à l’enseigne du bon roi, — Sur les bords du Gange, au bureau de l Ami du Roi, rue Saint-André des Arcs, n° 37, l’an 2 de la tyrannie, etc.

On voyait, dans le Nouveau dictionnaire françois (4), cette appréciation de la Constituante, en juin 1790 : ((Assemblée dite NATIONALE. Tout y est absurde, jusqu’au nom qu’elle s’est donnée {sic) contre le vœu de la Nation et contre le sens commun. C’est un amalgame de brigands, de poltrons et d’imbécilles, qui nous coûtent tous les jours beaucoup plus qu’ils ne valent, et dont la mauvaise foi, l’insolence et la nullité ne peuvent être comparées qu’à la honteuse patience et au stupide aveuglement des provinces. ))

Une brochure, parue la même année, avait pour titre : Nullité et (1) L’Assemblée nationale avait pris possession, le 9 novembre 1789, de la salle du Manège, aux Tuileries.

(2) Le Spectacle de la Nation, journal qui a commencé de paraître en 1789. (3) Voir, en outre, pour les journaux et pamphlets monarchiques, notre Introduction, p. 6 et suiv.

(4) Bib. de la Chambre des députés, Uf" 222 (t. XXII).