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LA BELLE ALSACIENNE


m’instruit en deux mots des intentions de son maître et me fait envisager la fortune la plus brillante. Je répondis froidement à ses magnifiques propositions et le priai de ne pas m’importuner davantage en lui disant que j’avais résolu de refuser ce que M. de R… me faisait l’honneur de marchander. Je le quittai brusquement.

Mon premier soin fut de faire avertir D. M… de ce nouvel incident. Sur-le-champ il vint pour me conduire en un autre lieu. J’y consentis avec joie. Je goûtais un plaisir infini à lui assurer la possession de mon cœur et je jouissais en secret de la douce satisfaction de lui prouver, par le sacrifice que je lui faisais, que je ne chérissais que lui.

Lorsque ma mère vint pour me retirer du couvent, elle fut bien surprise d’apprendre que j’en étais sortie la veille. Rien ne peut exprimer la rage qu’elle eut de voir déconcerter ses mesures. Elle alla trouver M. D…, lui dit en pleine audience les injures les plus atroces.

Après avoir vomi feu et flamme, on la