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LA BELLE ALSACIENNE


ses traits, sans être réguliers, étaient embellis par ce je ne sais quoi si propre à toucher le cœur ; enjoué, vif, caressant, ses yeux exprimaient tous les mouvements d’une âme formée pour la volupté. Je me sentais portée d’inclination à lui vouloir du bien, et ses empressements auraient sans peine obtenu l’aveu de mon cœur ; mais soit crainte de voir désavouer un amour onéreux par l’économie de son père, soit méfiance de lui-même, il se contenta de me demander la permission de m’offrir à souper avec trois de ses amis. Je le lui accordai.

Il ne manqua pas, le soir, d’amener les convives. La table fut bien servie, la joie et la liberté présidaient à la fête : ce n’étaient que bons mots, saillies, traits plaisants ; j’étais de la meilleure humeur du monde. Qu’on se figure quatre petits-maîtres de robe, mais de ces petits-maîtres qui n’en ont que le badinage, sans en avoir l’orgueil ni l’impertinence, s’empresser à l’envi de mériter mes suffrages par leurs soins, se disputer l’avantage de me rendre sensible,