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LA BELLE ALSACIENNE


quittant, m’avait laissé un trésor auquel jusque-là je n’avais pas fait attention ; il avait mis auprès de moi une vieille duègne pour épier ma conduite. Cette femme, gagnée par mes bonnes façons, s’était attachée à moi.

Elle me dégoûta du parti que j’allais prendre : après la désertion de mon amant, elle me fit envisager le désagrément qu’il y a de ne devoir ses conquêtes qu’à l’entremise d’un tiers, et elle me conseilla de ne m’en rapporter qu’à moi-même.

J’entrai dans ses vues. Je résolus de me faire voir au spectacle, où je n’avais pas encore paru. Je débutai par l’Opéra, où j’étalai dans une première loge mes charmes, relevés par tout le piquant que leur pouvait donner mon habillement d’étrangère.

Dès que je fus placée, je devins le but de tous les lorgneurs de profession. Ils sont communs dans ce lieu, où les plaisirs des sens sont les seules divinités qu’on révère.

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