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LA BELLE ALSACIENNE


magiciennes qui tendent leurs filets d’un premier étage et font une espèce de petite guerre aux cœurs assez imprudents pour donner dans l’embuscade. Surpris de ne rien découvrir, cela redoubla sa curiosité ; ma fenêtre ouverte lui fit soupçonner le lieu qui recelait les appas auxquels son cœur sacrifiait déjà. Il monta guidé par l’attraction.

Il entra dans ma chambre avec cet air aisé et cette noble assurance que ne manque jamais d’inspirer un mérite richement étayé ; son abord fut simple et sans détour :

— Vous me plaisez, ma reine ; si je fais le même effet sur vous, vous ne vous plaindrez pas de l’inutilité de mes soupirs ; êtes-vous seule ?

Ma mère, qui se présenta dans ce moment, se mit de la conversation et m’épargna la peine de lui répondre avec la franchise qu’il paraissait vouloir exiger de moi. Marché conclu, nouveaux arrangements, me voilà transplantée rue Bertin-Poirée,