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LA BELLE ALSACIENNE


trop remercier la bonne dame G…, qui lui ménageait des faveurs si précieuses.

Je reçus le lendemain une robe que m’apporta une couturière, avec une lettre de S. R… Il me priait d’accepter son présent comme une marque de son amour et de faire attention à la couleur (l’habillement était bleu), qui était le symbole de la fidélité qu’il attendait de moi. Quoique la constance ne fût pas de mon goût, j’allais cependant lui répondre en héroïne, lorsqu’il entra lui-même. Il venait s’applaudir de l’effet qu’avait produit sa galanterie. J’eus encore le bonheur de mériter ses éloges.

Cette bonne intelligence dura quelques jours, au bout desquels le jeune S. R… oublia ses serments ; il discontinua tout d’un coup ses visites. Surprise d’un tel procédé, je ne savais à quoi l’attribuer.

Quoiqu’il n’eût pas fait une impression fort vive sur mon cœur, je ne laissai pas d’en être fort inquiète, ainsi que ma mère. Nous étions accoutumées à ses bonnes façons.