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LA BELLE ALSACIENNE


À force de chercher, cependant, mes yeux se dessillaient par degrés ; déjà j’entrevoyais… L’excellente maîtresse que la nature !

Ma mère, qui, par sa propre expérience, avait appris de quelle conséquence il est de laisser à un jeune cœur la liberté de s’expliquer de lui-même, était bien résolue de prévenir l’usage que je pourrais faire de mes réflexions. Craignant les écarts de l’heureux tempérament que je paraissais tenir d’elle, elle ne me perdait plus de vue et me servait de surveillante avec une attention qu’on n’aurait pu assez louer, sans le motif qui la faisait agir.

J’avais grand nombre de soupirants ; lorsque je sortais, j’apercevais des regards fixés sur moi ; leur avidité me flattait secrètement ; je me sentais vivement émue ; je ne pouvais trop deviner ce que ces regards signifiaient, mais je comprenais instinctivement qu’il était doux d’accorder ce qu’ils me demandaient.

Il y avait parmi ces adorateurs un officier qui avait essayé plusieurs fois de me parler

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