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LA BELLE ALSACIENNE


tention, cherchait à me déchiffrer. C’est un amusement qui charme pour quelques instants l’impatience que cause la lenteur des comédiens.

Plus de cent lorgnettes braquées contre ma figure me mirent au fait de la curiosité des spectateurs. Je n’étais pas une énigme ; il est d’ailleurs impossible que dans la foule qui compose une assemblée aussi nombreuse il ne se trouve des personnes de connaissance ; une femme répandue n’a jamais l’agrément de pouvoir garder l’incognito.

Quelquefois la gloire devient importune ; il est triste d’être toujours affichée malgré soi, et d’être en tous lieux accablée du poids de sa réputation.

Les regardants n’eurent pas beaucoup de peine à savoir qui j’étais ; mon nom courant de bouche en bouche les instruisit tous. Un murmure confus s’éleva, ce qui fut suivi d’un battement de mains universel. Ces applaudissements n’étaient pas trop de mon goût ; ils obligent les acteurs pour qui ils sont faits ; j’ai vu même quel-

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