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LA BELLE ALSACIENNE


dessein, cherchait en elle-même quelque expédient qui pût le faire réussir. On vint heureusement détourner le boulanger pour quelques affaires ; elle choisit cet intervalle pour s’éclipser à la faveur du tumulte ; le procureur la suivit jusque dans une chambre mal éclairée dépendante de la boulangerie.

Ces heureux amants, délivrés des regards importuns, s’abandonnèrent en liberté à tous les transports que l’amour est capable d’inspirer ; le lieu qui devait servir de théâtre à leurs plaisirs était assez mal orné : point de lit, pas même une chaise ; il n’y avait pour tout meuble qu’une grande huche où le boulanger délayait ordinairement sa farine. Ce mauvais gîte aurait pu dégoûter des cœurs moins vivement épris ; mais de quoi l’amour n’est-il pas capable ? il voile la difformité, il embellit la laideur même : cette huche, lit méprisable en toute autre occasion, fut préférable à la couche la plus somptueusement ajustée et faite pour les délices des dieux.

Comme il est difficile aux amants de