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LA BELLE ALSACIENNE


Ces inquiétudes se multipliant par degrés se convertirent bientôt en chagrins réels. Je me trouvai livrée en proie à des remords d’autant plus pressants qu’ils étaient involontaires ; ils faisaient à chaque instant de nouveaux progrès en dépit des efforts que j’employais pour les étouffer. Ils me rendirent rêveuse, mes tristes idées ne finissaient point, plus je m’examinais, plus je trouvais de sujets d’exercer mon attention. Enfin, éclairée par l’évidence des preuves, il n’y eut plus moyen de m’étourdir sur mon état ; je sentis chanceler toute ma fermeté à la vue de cette affligeante découverte. Déterminée par la nécessité, il ne fut plus question que de consulter l’oracle pour m’éclairer sur le plus ou moins de gravité de mes réflexions.

Le marquis était à la campagne depuis quelques jours ; je frémissais à la seule pensée de lui avoir communiqué dans nos entretiens quelques sujets de méditer aussi désagréablement que moi. J’étais vis-à-vis de lui responsable d’une manière trop particulière des suites de mes bontés, pour ne