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LA BELLE ALSACIENNE


à des transports que je partageais ordinairement avec tant d’ardeur. Une indolence si marquée lui parut surprenante ; il s’en plaignit : ses reproches me touchèrent fort vivement, mais sans pouvoir rien changer aux dispositions de mon cœur. Il fallut bien, faute de meilleure ressource, se résoudre à prendre patience.

Une pareille situation m’était trop peu naturelle pour durer longtemps. Je me réveillai après quelques jours de sommeil. Ce retour subit me fit douter pendant quelque temps de la réalité de ce qui m’était arrivé. Je fus même tentée de mettre la chose au rang de ces illusions nocturnes que le jour dissipe ; mais, hélas ! je n’eus pas le bonheur d’en pouvoir longtemps porter le même jugement.

Des signes trop certains vinrent au bout de quelques jours lever mes scrupules et fixer mes incertitudes ; jamais la fidélité de ma mémoire ne m’a servi si à contretemps. Je me rappelai ce qui s’était passé avec une sorte de répugnance : ce souvenir inattendu me causa d’abord quelques inquiétudes.