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LA BELLE ALSACIENNE


faire approuver ses sentiments, me présenter l’heureux petit mortel dont l’acquisition lui tenait si fort au cœur. Pressée par ses sollicitations réitérées, je consentis à ce qu’elle exigeait de moi ; car, quoique je ne l’approuvasse pas, je ne pus m’empêcher de succomber au penchant naturel qui me porte à être compatissante pour les faiblesses de mes amis. Nous liâmes la partie et je me rendis au jour indiqué dans une de ces petites maisons destinées aux douces aventures.

Mon amie était déjà arrivée ; pour son cher Adonis, il n’était pas fait à se trouver le premier au rendez-vous. Une exactitude trop marquée ne siérait point à un homme à bonnes fortunes, cela serait contre les règles du bel air ; nous nous amusâmes à causer ensemble en l’attendant. Enfin nous entendîmes à la porte le bruit d’une chaise qui s’arrêtait (cette chaise mériterait une ample digression, si le temps me permettait de l’entreprendre). Deux figures assez ornées entrèrent aussitôt ; je n’eus point de peine à reconnaître l’amant de Mlle ***.