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LA BELLE ALSACIENNE


elle a voulu contribuer aux plaisirs de personnes dont le bonheur fut son ouvrage gratuit : il est beau de mériter de la reconnaissance.

Après avoir quelque temps prodigué ses bontés, assez indistinctement, elle s’est enfin rendue au mérite singulier du petit ***. Il ne lui a pas été difficile de se l’attacher. Charmés l’un de l’autre, ils jouissaient depuis longtemps des douceurs qui accompagnent un amour mystérieux. Que les plaisirs dérobés sont doux ! car il faut avouer que *** doit les trois quarts de ses attraits vainqueurs à la contrainte dans laquelle elle est obligée de vivre avec lui. Rien, au reste, de plus ordinaire que son mérite : point de figure, à moins qu’on ne veuille donner ce nom à une petite mine chiffonnée, qu’on ne peut définir ; un corps déhanché et contrefait, l’air d’une pagode, minaudier en chantant, et chantant alternativement du nez et de la gorge, et presque toujours faux ; tel qu’il est, on ne l’a pas aisément, les femmes se l’arrachent, il est de mode.