Page:A. Bret, La belle alsacienne , ou Telle mère telle fille, 1923.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.
100
LA BELLE ALSACIENNE

Que les femmes sont à plaindre de se trouver forcées d’affecter une résistance dont souvent elles gémissent en secret ! Quel préjugé bizarre nous interdit la liberté de suivre les mouvements de notre cœur ! On permet aux hommes de pousser la licence jusqu’à feindre très souvent des passions qu’ils n’ont pas, tandis que l’on nous impose la rigoureuse loi de renfermer dans nos cœurs un feu dévorant. On devrait bien songer à réformer cet abus. Ce que je dis là, toutes les femmes le sentent aussi vivement que moi ; toutes sont convaincues de quelle utilité il serait pour le sexe de former un concours unanime pour revendiquer nos droits ; mais qui osera se charger de donner l’exemple ? En vain la raison se révolte contre l’autorité des préjugés dont elle sent le ridicule ; la sotte honte, plus forte que ses répugnances, l’asservit malgré elle aux caprices de l’usage : on blâme les préjugés, et peu de personnes ont assez de courage pour se soustraire à leur empire ; on en fait un devoir indispensable.