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LA BELLE ALSACIENNE


dans ses yeux, mais ces désirs étaient si nus que, quoique aguerrie, je ne pus m’empêcher de rougir. La pudeur nous joue souvent de ces tours-là, malgré nos précautions.

Je me remis cependant ; le courage me revint par degrés, je m’armai de résolution, je rassurai ma contenance. Le retour de ma raison, que cet assaut imprévu avait ébranlée, me fit soutenir avec plus d’intrépidité la fin de cette discussion, dont le commencement avait un peu effarouché ma modestie.

Mon curieux observateur, content d’avoir détaillé ma figure, se mit à son tour à me provoquer à la critique de la sienne. Coups d’œil distraits, échantillons d’opéra chantés à demi-voix, pas irréguliers et qui présentaient sous différents points de vue tout le leste et tout le brillant d’une taille élégante ; attitudes de tête semées avec d’autant plus d’art qu’elles paraissaient moins étudiées ; airs indécents, risqués avec toute l’intelligence d’une effronterie maniérée ; rien ne fut épargné pour captiver mon suffrage. Il