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tape sur la fesse.

— Madame m’avait dit de n’entrer dans sa chambre qu’à neuf heures, il n’est que huit heures et demie, mais il m’a semblé entendre parler ces dames et je me suis permis…

— Tu as bien fait, Thérèse : rallume le feu, mon enfant.

C’était la première fois que je tutoyais Thérèse devant Valentine. Celle-ci, la tête sous les couvertures, poussait des petits rires étouffés.

Thérèse se retourna brusquement en mettant un doigt sur la bouche. Quand elle eut rallumé le foyer, je lui dis de s’approcher. Valentine riait de plus belle, en montrant le bout de son museau rose.

— Regarde un peu ce que nous faisions. Line et moi…

Et rejetant vivement draps et couvertures, je montrai à la belle, stupéfaite, nos chemises relevées et nos doigts placés en bonne position. Elle fit un bond en arrière, ne sachant quoi dire.

— Eh bien ! oui, c’est ainsi… Ne te sauve pas comme si cela te faisait peur, ne prends pas tes airs effarouchés, et viens nous embrasser… Valentine sait tout.

Elle s’approcha en hésitant ; à peine fut-elle à portée que Line, qui était au bord, la saisit par le cou et, l’attirant sur elle, l’embrassa à pleine bouche. Thérèse, toujours sensible à cette caresse, la lui rendit et, penchant vers moi, m’en fit autant.

— Tu te figures peut-être que c’est moi qui ai débauché cette pauvre innocente ? Eh bien ! pas du tout… c’est elle qui…

— Va chercher le chocolat, Thérèse, et reviens vite… je veux te débaucher aussi, interrompit Line.

— Amusons-nous, Cile, en l’attendant… tu sais, comme nous allions le faire quand elle est entrée ?…

Elle me grimpa dessus et recommença à me passer des langues que je lui rendais avec vivacité. Elle s’arrêta pour-

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