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dans du porto, des biscuits et quelques bananes. Dora se mit à faire les honneurs du goûter, tandis que Flora s’asseyait sur mes genoux et penchait vers moi son gracieux visage, en disant : « Qu’est-ce que vous allez penser de nous ?… »

— Que vous êtes deux charmantes créatures et que je vous adore, lui répondis-je, en la pressant sur ma poitrine.

— Moi, ça m’est bien égal ce que vous pensez de nous, fit à son tour Dora, et je ne sais pourquoi, mais j’ai une entière confiance en vous.

Elle but ce qui restait dans sa tasse et vint se placer sur la cuisse inoccupée.

— Moi aussi, mon cher, fit câlinement Flora… Au fait, comment vous appelez-vous ?…

— C’est drôle, reprit Dora, avoir un amant dont on ne sait pas le petit nom…

— Je m’appelle Léo… mais je dois vous avouer que mon acte de naissance porte le nom bizarre de Léonard.

— Léo-nard, c’est joli ; cela veut dire que vous avez la force du lion et la ruse du renard, dit Flora.

— Alors, je suis un double animal ?…

Elle éclatèrent de rire, et Dora, qui grignotait un biscuit, faillit s’étrangler : « À boire, fit-elle. »

Flora lui tendit un verre de porto qu’elle avala d’un trait.

— Vous ne savez pas encore combien Florie est spirituelle ; autant qu’elle est jolie. Lion… renard… je n’aurais jamais songé à cela… Alors vous serez notre petit lion.

Et déclamant :

— Vous êtes mon lion superbe et généreux ? comme dans Ruy Blas.

— Ah ça ! vous savez tout ?…

— Oh ! tout… excepté ce que vous aurez à m’apprendre.

— Mais il me semble…

— Oui, oui, je sais… vous avez dû être joliment étonné

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