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XV

Calcutta, 25 février 18…

Avant mon départ pour Darjeeling, fixé à demain, nous devions avoir, chère Cécile, une dernière entrevue avec mes petites amies et moi. J’ai dîné hier soir chez sir D. Simpson, qui m’a pris en amitié et qui ne serait surpris qu’à moitié de me savoir l’amant de sa fille.

Il avait été convenu officiellement que Dora et Flora, en revenant de leur promenade quotidienne à cheval, viendraient me prendre, à sept heures, pour me ramener à la maison de sir Duncan, mais comme à tous les traités il y a quelque clause secrète, il était entendu, entre nous, que mes bonnes amies seraient chez moi à cinq heures et demie au plus tard et que Maud, qui n’était pas du dîner, viendrait aussi de son côté.

Toutes trois arrivèrent en même temps à mon bungalow, comme convenu, où je les attendais en tenue de combat. Malgré les plaisirs que nous nous promettions, il y eut d’abord un voile de tristesse jeté sur notre réunion, car elle précédait une séparation.

Aussi, dès qu’elle se fut débarrassée de sa robe et de son chapeau, Flora vint se jeter à mon cou en sanglotant ; Dora ne pleurait pas, mais ses traits étaient contractés, ses lèvres pâles et frémissantes ; Maud s’agitait pour cacher son émotion, se déshabillait, s’arrêtait, tournait, ne savait que dire. Flora, cependant, m’étreignait en répétant à travers ses larmes : « Vous allez nous quitter… partir… »

— Voyons, chère Flora, dis-je en l’embrassant, soyez raisonnable… ce n’est que pour un mois, puisque je vous ai promis d’aller vous voir à Simla.

— Mais oui, fit à son tour Dora… Et puis… puisque nous serons tous en France dans trois mois… Tu connaîtras Cécile et Thérèse.

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