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quinze jours avec lui, le temps de l’installer en province, chez sa sœur et son beau-frère à qui je donnerai mes instructions, et je reviens, comme je vous l’ai dit, m’installer à Paris.

Voilà, cher ami, pour la première partie de mes projets. Qu’en dites-vous ?…

— Je ne puis que les approuver, chère Dora, et ils me conviennent d’autant mieux que je ne vous perds pas. Voyons la suite.

— La seconde partie est peut-être plus délicate, mais j’espère la faire aboutir. Mon père est assez faible de caractère : il lui faut quelqu’un qui le domine. Eh bien ! j’ai résolu de le remarier, pour lui refaire un intérieur et une famille. Savez vous avec qui ?

— Ma foi, non… comment voulez-vous ?…

— Ne cherchez pas. C’est Flora que je veux avoir pour belle-mère.

— Flora !…

— Oui, Flora. Écoutez moi. J’ai l’air de la sacrifier, car je suis absolument certaine qu’elle me laissera disposer d’elle. Mon père a quarante-six ans ; je sais que Flora n’en a que vingt, mais ces disproportions d’âge ne sont pas rares en Angleterre entre époux. Papa est encore très vigoureux : trois mois passés dans le pays natal le remettront complètement, surtout s’il est sobre, et tous deux sont de taille à me donner plus de frères et de sœurs que je n’en voudrais. Je suis certaine qu’une fois mariée, Flora sera une fort honnête femme car, sans moi… et elle ne compromettra pas le nom de son mari… Qu’en dites-vous ?…

— Je dis… je dis… que voulez-vous que je vous dise ?… Cela me paraît parfait comme projet. Reste l’exécution.

— Oui, je le sais bien : c’est là le difficile. Le tout est d’empêcher mon père d’emmener avec lui son giton ; si j’y réussis je me charge du reste. Je le travaillerai si bien pen-

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